L’élection sénatoriale est un dénie de démocratie dans un pays au bord de l’implosion

Vedette

 

big1Le MCPSD propose, mais nous sommes aussi conscients que seule la proposition ne suffit pas. Il faut convaincre. Il faut convaincre le peuple camerounais, le peuple des électeurs que cette fois nous tiendrons jusqu’au bout et que nos engagements sont réalistes et réalisables.

La clarté du contrat présidentiel est une première preuve. La détermination à changer la classe politique et à ouvrir tout grand les portes et les fenêtres des lieux de pouvoir au Cameroun en est une deuxième afin d’instruire, d’initier les camerounais au jeu politique hors duquel ils ont été longtemps tenus.

Le rétablissement du lien entre les électeurs et leurs élus nationaux est le préalable indispensable à tout nouveau chantier. Nous ne pouvons plus demander aucun changement aux Camerounais tant que nous, politiques, ne changeons pas.

Travaillons ensemble pour le renouvellement de la classe politique camerounaise. Travaillons à la fois pour l’augmentation du nombre de municipalités mais aussi pour leur regroupement dans de grands ensembles – essayons de dépasser une structure comme le SENAT – militons pour la mise sur pied d’un Conseil Economique – Social et Environnemental – C’est nous qui proposons et c’est nous qui réaliserons mais pour le faire nous avons besoin de vous. En parlant donc de Senat, nous refusons les petits arrangements de chambre où les conseillers à la présidence érigés en percepteur vous appellent et vous disent si vous vous tenez bien, si vous la fermez et suivez les règles qui vous ont dicté, alors oui le RDPC et ses alliés demanderont et vous donneront deux voire trois sénateurs ! Ce n’est pas de la démocratie, et surtout ce n’est pas constructeur pour notre pays pas, pour notre peuple. Voilà pourquoi nous n’irons pas à cette élection, parce qu’elle ne dispose pas d’un électorat capable d’organiser simplement un débat. Une élection c’est d’abord une campagne, projet contre projet, programme contre programme, la sénatoriale au Cameroun c’est un rang stalinien avec quelque casque qui dépassent le rang et donc susceptibles d’être tranchés à tout moment.

Prof Vincent-Sosthène FOUDA

Président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie.

ADAMOU NDAM NJOYA FUT UN INFATIGABLE SERVITEUR DE LA PAIX

Adamou-Ndam-Njoya

C’est avec profonde tristesse que j’ai appris le décès du ministre Adamou Ndam Njoya.
En cette circonstance douloureuse, j’adresse mes sincères condoléances à Madame Patricia Ndam Njoya, à ses enfants à tous les amis et parents de Ndam Njoya et à travers eux à toute la Nation Camerounaise et leur exprime ma fraternelle compassion. Je voudrais, en toute humilité, faire un petit témoignage sur les qualités de mon regretté ami et non moins oncle. Sur le plan personnel et humain, Adamou Ndam Njoya était fidèle à l’amitié. Il nous l’a témoigné à plusieurs reprises et dans différentes circonstances.

Sur le plan professionnel et politique, il fut un homme d’un courage physique et politique remarquable qui, déjà, à l’Université de Yaoundé défendait avec conviction, ténacité et pugnacité les causes et les principes auxquels il croyait.

Ce fut un grand patriote doublé d’un grand commis de l’Etat, qui a déployé avec dévouement et abnégation toutes ses forces, ses compétences professionnelles, son entregent, sa finesse diplomatique associée à une certaine fermeté au service de son pays, de l’Afrique et de la paix internationale.
En effet, il avait une passion ardente, un sacerdoce ; contribué de manière significative à l’unité et au développement socioéconomique de son cher Cameroun dans la paix, la justice au sein d’une Afrique indépendante, démocratique et prospère. C’est la raison pour laquelle, il était persuadé qu’en servant aux hautes fonctions gouvernementales et administratives sous l’autorité du président Ahmadou Ahidjo il servait en réalité sa Patrie, le Cameroun et son continent, L’Afrique.

Ainsi, il a participé avec intelligence et responsabilité au premier régime camerounais et a été dans l’opposition au second tout en connaissant intimement chacun des acteurs.

Sur le plan religieux il a été un des acteurs du dialogue inter-religieux dans notre pays. C’est en échangeant avec lui que j’ai compris la nécessité de redéfinir notre espace public non pas comme une structure laïque mais comme un ensemble triconfessionnel.

(é) Vincent-Sosthène FOUDA-ESSOMBA

Mgr François-Xavier AMARA était un mélange nègre à la raison gréco-latine

Un regard dans le retroviseur pour Mgr François Xavier Amara décédé ce dimanche 25 février 2018 par le Prof Vincent-Sosthène FOUDA

Mgr François Xavier AMARA prélat de sa Sainteté (Dans l’Église catholique, le prélat (du latin praelatus, placé en avant) est un haut dignitaire. Au sens coutumier, la prélature est une dignité conférée soit à des prêtres exerçant une fonction effective auprès du pape, soit à d’autres prêtres (beaucoup plus nombreux), agrégés de manière honorifique à cette « famille pontificale ». Bien que n’étant pas évêques, ces prélats ont le droit à l’appellation ’Monseigneur’, et celui de porter certains éléments épiscopaux… (Théo) ), prêtre de l’archidiocèse de Yaoundé et l’un des initiateurs avec Pie Claude Ngumu, Gervais Tonyé, Basile Juléat Fouda de l’inculturation au Cameroun est décédé tôt ce dimanche 25 février 2018 des suite de longue maladie. Il était âgé de 85 ans. Le « malaise Nègre » dont il a osé parler publiquement avant le Concile Vatican II alors qu’il est grand séminariste à Otélé a donné lieu à des débats animés et le terme a été repris par plusieurs chercheurs, académiciens, observateurs de la vie sociale et éditorialistes. Mais l’Abbé François Xavier Amara était aussi un bon orateur et un bon prédicateur, sans compter ses talents de chanteur et de compositeur qu’il mettait à profit dans la liturgie. Mgr François-Xavier Amara était un prêtre profondément incarné dans sa « négritude », dans son ewondo, fidèle à ses racines Etenga c’est à dire ce mélange de Vouté, de Bamoun et d’Ewondo. Il a été le premier à chanter l’Évangile en Ewondo alors même que nous l’avions surtout connu comme professeur de Français et de latin dans différents établissements catholique et au Grand Séminaire de l’Immaculée Conception de Nkol-Bisson à Yaoundé. Il a été vicaire général et administrateur diocésain après le décès de Mgr Jean Zoa.


Mgr François Xavier Amara avait pris de l’âge et les soucis de santé allant avec l’âge, il a gardé quelques activités moins lourdes à la paroisse de Nkoa-Ayos qu’il menait avec jovialité et enthousiasme.

Il avait été conduit il y a quelques semaines à l’hôpital central de Yaoundé après un malaise. Beaucoup de prêtres du Cameroun, beaucoup d’Évêques du Cameroun saluent aujourd’hui la mémoire de celui qui a apporté bien évidement avec d’autres un souffle nouveau dans l’Église catholique qui est au Cameroun sans faire cependant des vagues. Son Aya Aya Aya, mayi keu woé cantique eschatologique est repris dans presque toutes les langues du Cameroun.


Mgr François-Xavier Amara était un homme de passion, accessible, qui aura su porter plusieurs casquettes. Certains se souviendront de lui comme un fin philosophe au verbe clair et précis, sans fioriture, et qui, par moment, laissait percevoir l’intensité de sa réflexion. D’autres encore auront pu apprécier son exploration profonde d’une spiritualité mystique qu’il communiquait d’une manière simple. Un maître des instruments de musique de son terroir, le nkul qu’il affectionnait particulièrement et avec lequel on a fini par le confondre. Ses paroissiens rendent hommage à son charisme pour la prédication, pour appliquer l’Évangile dans les exemples du quotidien. L’on se souviendra également du grand compositeur François Xavier Amara qui aura su ouvrir l’Église du Cameroun à diverses autres sonorités. Mgr François-Xavier Amara était aussi linguiste, disons qu’il était surtout linguiste et c’est à lui que nous devons le lectionnaire en langue ewondo. 
Aux vivants de lui rendre un dernier hommage et à ceux qui ont bénéficié de ses enseignements de lui dédier des mélanges car oui il a beaucoup donné à notre culture, à notre église, c’était un homme en qui s’harmonisaient magnifiquement l’érudition et la sainteté ces dernières années. Personnalité complète et homogène, il pouvait faire coopérer le cadre institutionnel avec la créativité nègre, la rigueur théologique avec la convenance pastorale, la précision dans l’organisation avec la souplesse de l’attention et de l’amour.

L’élection sénatoriale du 25 mars prochain est un dénie de démocratie dans un pays au bord de l’implosion

 

fev jourLe MCPSD propose, mais nous sommes aussi conscients que seule la proposition ne suffit pas. Il faut convaincre. Il faut convaincre le peuple camerounais, le peuple des électeurs que cette fois nous tiendrons jusqu’au bout et que nos engagements sont réalistes et réalisables.

La clarté du contrat présidentiel est une première preuve. La détermination à changer la classe politique et à ouvrir tout grand les portes et les fenêtres des lieux de pouvoir au Cameroun en est une deuxième afin d’instruire, d’initier les camerounais au jeu politique hors duquel ils ont été longtemps tenus.

Le rétablissement du lien entre les électeurs et leurs élus nationaux est le préalable indispensable à tout nouveau chantier. Nous ne pouvons plus demander aucun changement aux Camerounais tant que nous, politiques, ne changeons pas.

Travaillons ensemble pour le renouvellement de la classe politique camerounaise. Travaillons à la fois pour l’augmentation du nombre de municipalités mais aussi pour leur regroupement dans de grands ensembles – essayons de dépasser une structure comme le SENAT – militons pour la mise sur pied d’un Conseil Economique – Social et Environnemental – C’est nous qui proposons et c’est nous qui réaliserons mais pour le faire nous avons besoin de vous. En parlant donc de Senat, nous refusons les petits arrangements de chambre où les conseillers à la présidence érigés en percepteur vous appellent et vous disent si vous vous tenez bien, si vous la fermez et suivez les règles qui vous ont dicté, alors oui le RDPC et ses alliés demanderont et vous donneront deux voire trois sénateurs ! Ce n’est pas de la démocratie, et surtout ce n’est pas constructeur pour notre pays pas, pour notre peuple. Voilà pourquoi nous n’irons pas à cette élection, parce qu’elle ne dispose pas d’un électorat capable d’organiser simplement un débat. Une élection c’est d’abord une campagne, projet contre projet, programme contre programme, la sénatoriale au Cameroun c’est un rang stalinien avec quelque casque qui dépassent le rang et donc susceptibles d’être tranchés à tout moment.

Prof Vincent-Sosthène FOUDA

Président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie.

Message du MCPSD à la jeunesse camerounaise le 11 février 2018

fev jourMes chers compatriotes jeunes, c’est une grande joie pour moi de m’adresser à vous ce 10 février 2018, dans une volonté de dialogue face to face comme disent nos concitoyens d’expression anglaise. 

Ma joie de m’adresser à vous une fois de plus, c’est à dire 13 ans après mon premier discours à la jeunesse de mon pays, est nuancée d’un peu de mélancolie, car lorsqu’on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l’insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. J’ai des cheveux gris aujourd’hui, j’ai la même détermination, je nourris le même rêve que je souhaite partager avec vous, l’espoir aussi de passer le flambeau. Oui le temps nous  a dérobés, parcelle après parcelle, notre vigueur d’il y a 13 ans et en prenant la parole aujourd’hui, c’est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

Mais qu’importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s’il l’utilise obscurément pour des œuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ? Il y a treize ans, j’ai pris la parole pour la première fois, c’était un jeudi, en 2005, j’avais choisi de vous parler des valeurs humaines et de la force qui est en vous et qui doit vous amener à transcender toutes les épreuves de la vie mais surtout à vous faire vivre et réaliser vos rêves. J’étais moi-même jeune. J’avais 33 ans. 

Beaucoup d’entre-vous ont fini leurs études, se sont installés dans la vie, ont fondé des familles. A ceux là je dis, poursuivez votre rêve. Ceux-là sont malheureusement moins nombreux au regard de l’état de pauvreté de notre jeunesse, mais la pauvreté n’est rien face au désespoir, au manque de débouchés, à l’horizon fermé. Je le découvre dans votre agir, dans nos échanges, dans les correspondances que nous échangeons. Et qui se terminent toujours avec cette formule lapidaire : On va faire comment ? C’est pour moi l’occasion de me tourner vers une autre génération peut-être deux, voire trois générations, celle de vos grands parents encore aux affaires, celle de vos parents et la mienne. Oui, nous sommes gouvernés par la génération de 90 ans, de 60 ans et les 40 ans n’ont jamais travaillé, n’ont jamais fondé de famille et ont des enfants devenus eux-mêmes adultes sinon parents aussi.

A ceux qui nous gouvernent, je voudrais dire que chaque fois que vous m’avez fermé une porte, vous l’avez fermé à une voire deux générations, chaque fois que vous m’avez ouvert une porte, vous avez montré la voie à des gosses comme moi, vous leur avez fait savoir qu’ils pouvaient le faire, qu’ils pouvaient valablement vous remplacer. Vous l’avez hélas très peu fait depuis 1982 date à laquelle vous avez pris les rennes du pays alors que vous étiez déjà hier de haut-fonctionnaire au moment de l’indépendance en 1960. 

Je ne suis pas pessimiste de nature, je crois en la force des idées, ce sont elles qui créent les richesses, donnent valeur à l’économie et propulsent l’homme de l’avant. C’est pourquoi je vous invite, alors que vous êtes au soir de votre vie de faire un large crédit à la nature humaine afin que cette jeunesse à laquelle je m’adresse aujourd’hui vous réhabilite au crépuscule de votre séjour sur terre. Si elle ne le faisait pas alors, elle se condamnerait elle-même à ne pas comprendre l’humanité, elle montrerait qu’elle n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

A la génération des 60 ans, plus pernicieuse et plus flambeuse que la précédente, mon devoir patriotique est de vous rappeler, chevillé au corps, que le Cameroun va au-delà d’une ambition personnelle, que le Cameroun comme État et comme Nation est appelé à vous survivre et avec lui vos enfants, vos petits enfants et que la meilleure façon de marquer votre présence dans ce pays n’est pas dans la beuverie, la félonie permanente, les égoïsmes de tous ordres. La confiance qui a été placée en vous n’était ni sotte, ni aveugle, ni frivole.

Mes chers compatriotes jeunes, ces travers que je viens d’énumérer de génération en génération ne doivent pas vous faire percevoir le cours du fleuve comme un tourbillon trouble et sanglant. En vous résident des forces bonnes, des force de sagesse, de lumière, de justice. Sachez que le temps est le maître de tout, que rien ne peut se passer de lui,  et que la nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines. Sachons créer les opportunités d’aurore, suivons la piste du puits de lumière et transmettons-nous le flambeau de la vie et de l’espoir.

Chers jeunes compatriotes, oui, les hommes qui ont confiance en l’homme savent cela. Ils sont résignés d’avance à ne voir qu’une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé, ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie. Ils sont pleins d’une sympathie déférente, et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l’expérience immédiate ont conçu des pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d’abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus. Mais eux-mêmes se gardent bien d’inscrire définitivement au passif de l’humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment avec une certitude qui ne fléchit pas, qu’il vaut la peine de penser et d’agir, que l’effort humain vers la clarté et le droit n’est jamais perdu. L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir.

Chers jeunes, c’est à vous et à vous seuls, c’est à nous et à nous seuls de semer l’espoir dans ce pays déchiré de toutes parts par l’égoïsme des générations d’hommes et de femmes qui n’ont pas su apprécier la valeur du joyau qu’ils avaient entre les mains. Aujourd’hui, il s’est transformé en grenade capable non seulement de les tuer eux, mais aussi d’exterminer votre génération et celle de vos enfants. C’est à vous de désamorcer cette grenade afin qu’elle ne nous saute point à la figure. 

Le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie est pour le dialogue inclusif avec toutes les forces vives de notre pays, nous l’appelons de tous nos vœux depuis deux ans déjà. Nous condamnons de toutes nos forces le discours ethno-fasciste qui s’est emparé de notre espace public, la République moderne n’est pas un concours de rhétoriques fascistes, mais une volonté permanente et commune de proclamer que des millions d’hommes de femmes, d’enfants doivent tracer eux-mêmes la règle commune de leur action, qu’ils peuvent concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre et que l’idéal de notre devise librement choisie, Paix – Travail – Patrie est réalisable pour tous et par tous.   

Le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie a choisi de manière républicaine de ne pas prendre part aux élections sénatoriales du 25 mars prochain. Elles sont un déni de démocratie, elles sont une mascarade référendaire où les pères et mères invitent les enfants et petits enfants à venir les voir danser et se livrer à toutes sortes de beuveries. Ce n’est pas cela une élection, ce n’est pas cela une République, ce n’est pas l’idée universellement admise d’une démocratie. Comment voulez vous que ce soit une élection, quand les conseillers municipaux issus d’un camp, celui du RDPC et de ses alliés, ayant reçu 50 000 francs en ces temps de vaches maigres, ayant reçu des directives du comité central de leur parti des flammes puissent choisir des hommes et des femmes éclairés pour siéger au Sénat ?  Nous refusons de participer au couronnement d’une République monarchique. 

Mes chers compatriotes jeunes, oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’audace est l’hymne de la jeunesse et les pères fondateurs à qui nous devons beaucoup ont fait de vous les fers de lance de la jeune République du Cameroun dont l’histoire de la création est plus vieille que la découverte du Char des Dieux en 450 avant Jésus Christ par le Carthaginois Hannon. C’est par notre travail, celui des chercheurs, des journalistes, des sportifs, des petites gens comme vous et moi que nous avons réussi à faire connaître encore plus ce Mont Fako. Ne suivez pas comme des aveugles ceux qui vous présentent des ombres et vous font croire que ce sont des hommes comme vous et moi.  Oui, à force de vouloir attraper toutes les mouches, disaient nos ancêtres, on finit par attraper une guêpe !

Je vous invite à bâtir cette République d’un grand peuple où il n’y a que des citoyens et où tous les citoyens sont égaux. C’est-à-dire une République qui donne une chance à tous ses enfants par l’école, les routes, les hôpitaux, les services publics, une République qui préserve l’environnement, qui donne de l’eau à boire, à se laver et à cuire les aliments à tous et à chacun. Soyez les artisans de cette République, sachons ensemble négocier le virage qui arrive à nous à grande vitesse.  

Vous connaissez l’importance que nous attachons à la lutte contre le chômage, nous avons  de manière permanente travaillé à l’école de demain, ce collège unique dont nous appelons l’instauration de tous nos vœux afin de former non à la précarité, mais à l’emploi permanent pour la construction de notre pays et l’épanouissement de chacun de nos concitoyens. Ce n’est pas un rêve mais une réalité et c’est à nous tous de la rendre possible. Notre pays a besoin autant de menuisiers que de magistrats, d’ouvriers agricoles que de fonctionnaires de bureau,  de conducteurs d’engin que d’infirmiers. Notre pays doit être fier de tous et de chacun d’entre nous sur le mérite et la chance donnée à chacun.

Mes chers compatriotes jeunes et moins jeunes, sachez dès à présent vous protéger de l’avant, aux jeunes filles, je voudrais dire  que j’espère que vous aussi, vous ferez ce que vous voulez avec votre génie, car ce pays est aussi le vôtre depuis les campagnes jusqu’aux villes. Je vous invite à vous armer de courage, il est en vous, il vous invite à accepter les conditions nouvelles, je veux dire à y entrer dans les circonstances nouvelles que la vie fait à la science et à l’art. Je vous invite à savoir dominer vos propres fautes, d’en souffrir oui, mais pas à être accablées, je vous invite à savoir continuer votre chemin.

Jeunesse du Cameroun, vous êtes jeunes et ces mots de Césaire sont à vous, ils sont fous il vous éloignent cependant du discours de haine de l’autre, ils sont fous parce qu’ils vous délivrent de votre propre folie; ils datent de 1935, ils sont un pont pour 2018, très peu les ont prononcés, mais nous les vivons tous parce que c’est de la folie si je ne me souvenais que le fou est toujours, en un certain sens, « l’homme qui a foi en soi ». Mais le Nègre qui tue en lui le Nègre n’a point « foi en soi » et c’est par là qu’il se sauve de la folie.

Alors, si l’assimilation n’est pas folie, c’est à coup sûr sottise car vouloir être assimilé, c’est oublier que nul ne peut changer de faune ; c’est méconnaître « l’altérité » qui est loi de Nature.  N’ayez besoin que de votre bravoure mise en commun pour faire changer les choses dans notre pays, pour vous, pour eux, ceux d’hier comme ceux de demain pour que vive la Paix dans le travail et la patrie retrouvée.

Bonne fête de la jeunesse ! 

Prof. Vincent-Sosthène FOUDA

Président du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie

LA nomination des membres du Conseil Constitutionnel est à saluer mais il montre la main mise de l’exécutif sur l’institution ! Ça noie la démocratie

fev jourRéaction de Vincent-Sosthène FOUDA : LA nomination des membres du Conseil Constitutionnel est à saluer mais il montre la main mise de l’exécutif sur l’institution ! Ça noie la démocratie

Tout d’abord, il faut souligner que, depuis le décret N°96/06 du 18 janvier 1996, tout a été dit sur ce Conseil Constitutionnel mais rien n’a été lu parce qu’il était fantôme. Il est difficile dans l’esprit des camerounais de s’intéresser à quelque chose qui n’a pas de réalité palpable, pas de siège, pas de président, pas de secrétaire général etc . Les fantômes font peur par ici, ils sont mis en béton dans les cimetières, voilà pourquoi personne n’est allé voir à la loupe la modification de la composition de ce Conseil, la qualité de ceux qui doivent en faire partie intervenue le 14 avril 2008.

le décret de création de 1996, stipulait que les Membres de ce conseil sont élus pour un mandat de 9 ans non renouvelable. l’article nouveau de 2008 dit : Le Conseil Constitutionnel comprend onze (11) membres désignés pour un mandat de six (6) ans éventuellement renouvelable.
Les membres du Conseil Constitutionnel sont choisis parmi les personnalités de réputation professionnelle établie. Ils doivent jouir d’une grande intégrité morale et d’une compétence reconnue.

Je voudrais souligner : éventuellement renouvelable et le mandat de 9 ans qui passe à 6 ans. En effet, il faut comprendre en premier ce qu’est un Conseil Constitutionnel dans une démocratie. Dans son essence, le Conseil Constitutionnel n’est pas là seulement pour constater la vacance de la Présidence de la République. C’est une juridiction dotée de compétences variées, notamment du contrôle de la conformité de la loi à la Constitution. Quand il est introduit au Cameroun, ses membres sont sensés avoir un mandat plus long que celui de tous les élus afin justement que par leur mode de désignation ils ne soient ni prisonniers de l’exécutif ni prisonniers des deux autres chambres du législatif que sont l’Assemblée Nationale et le Sénat. Ils ne sont pas non plus sous la bote du Conseil National de la Magistrature. Le mandat du président de la République étant de 7 ans, le président du Conseil avec son mandat de 9 ans survivait de 2 ans au président de la République qui l’aurait nommé. C’était clair et enrichissant pour la démocratie.

En 2008, dans un « cafouillage organisé » ce texte fondateur a été modifié sans débat et sans concertation des acteurs de la vie politique de notre pays, en donnant un mandat de 6 ans c’est à dire moins un an sur le mandat du Président de la République et surtout un mandat « Éventuellement » renouvelable ce qui veut dire en de terme simple que le Président de la République peut et doit les renvoyer s’ils ne font pas son affaire. Tout est donc à retravailler pour ce Conseil ! Les Constitutionnalistes camerounais ont failli, ils ont laissé faire et surtout ont empoisonné la démocratie en ne prenant pas le texte modifiant le mode de désignation des membres du Conseil Constitutionnel et surtout en laissant modifier la durer de leur mandat.

Puisque le chef de l’État a aussi convoqué le corps électoral des sénateurs pour le 25 mars prochain, j’aimerais rappeler ici les dispositions constitutionnelles sur cette élection. En effet le texte promulgué le 14 avril 2008 dit : Article 67. (nouveau) : Au cas où la mise en place du Sénat intervient avant celle des régions, le collège électoral pour l’élection des Sénateurs est composé exclusivement des conseillers municipaux » .

Tous ont été caporalisés avec la complicité de tous !

C’est le cas, nous n’avons pas de Conseils régionaux, il revient donc au RPDC/UNDP et leurs alliés nocturne regroupés au sein du SDF/MDR de désigner les sénateurs car comment voulez vous qu’un conseiller municipal encarté RDPC vote pour un candidat d’un autre parti politique ? Les petits arrangements de couloir pour le partage de la sauce ndolè sont ouverts et le Mouvement Camerounais pour la Social-Démocratie que je préside n’y prendra pas part. Nous nous tenons avec le peuple mais la question aujourd’hui est de savoir avec qui se tient se peuple ? Il ne faut pas que le combat que nous menons contre une classe politique parasitaire soit remplacé par un peuple suiviste et démissionnaire ! Nous ne savons pas à quoi sert le SENAT dans notre pays puisque les lois viennent écrites de la présidence de la République puis sont validées par les députés en première lecture sans aucun débat, entérinées par les sénateurs puis promulguées par le Président de la République ! Comment ne pas avoir la grosse tête quand on a ainsi tous les pouvoirs dans une seule paume de main ? Nous n’avons même plus l’illusion d’une séparation de pouvoir car tout est muselé et aux ordres de l’exécutif.

Le Cameroun et le peuple camerounais ne céderont jamais…

fev jour

Réaction du MCPSD à la suite de l’attaque contre le poste de gendarmerie de Bingo dans le Nord-Ouest du pays

Yaoundé le 2 février 2018

Une fois de plus, une fois de trop hélas ! Le corps habillé de la République est endeuillé, en prenant pour cible deux gendarmes à leur poste de service.

Oui en s’attendant à deux gendarmes qui assurent un contrôle et une protection de proximité de la population, en utilisant les moyens de la terreur, c’est la République qui est visée et la Nation entière qui est prise pour cible.

Cette barbarie a un visage : c’est le radicalisme d’une part et le refus de dialogue d’autre part et comme je le soulignais hier en citant Jean Paul Sartre, quand les riches se battent, ce sont les pauvres qui meurent. Ce crime non revendiqué certes, endeuille en premier les familles et ensuite la Nation en heurtant nos consciences.

Mes chers concitoyennes et concitoyens, nos pensées vont en premier aux parents de ces deux victimes innocentes, à leurs mamans respectives à leurs proches époux et épouse, dois-je rappeler que Larissa Mvondo, portait une grossesse de six mois ? A la grande famille de la Gendarmerie Nationale qui payent encore un lourd tribut. Je voudrais leur assurer de tout notre soutien, le soutien du MCPSD et de tous ceux et celles qui ne cessent de se rallier à nous.

Notre pays fait face en interne à des menaces de déstabilisation jamais égalées en 134 ans d’existence.

Dans le vivre ensemble, tout est négociable, la République une et indivisible doit être capable de négocier avec tous ses citoyens et pour cela il lui revient de créer à la fois un cadre de revendication, de concertation et de dialogue qui ne sont pas synonymes.

L’engagement de la Nation doit être entier et ne souffrir d’aucune faiblesse. Ce qui s’attaquent à nos institutions doivent savoir que le Cameroun et les Camerounais ne céderont jamais.

Vive le Cameroun./.

Vincent-Sosthène FOUDA Président nationale du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie (MCPSD)

Qui croit vraiment que nos agriculteurs sont des travailleurs au sens de fournir un effort et d’avoir une récompense après ?

Il y a quelques semaines, j’étais du côté de Sa’a, j’ai rencontré des jeunes qui « retournent à la terre » comme nous disons ici avec pour seul outil la machette, de vieux vêtements et de temps en temps une paire de bottes. J’ai passé un agréable moment avec eux. Je me souviens que j’étais déjà venu ici, alors que j’étais au secondaire avec le mouvement Jeunesse du Monde certains s’en souviennent…

J’ai profité pour leur dire combien, pour moi, l’agriculture et la filière agroalimentaire sont une force et une chance pour le Cameroun. Mais quel type d’agriculture ? Certainement pas celle qui épuise l’homme sans le nourrir, sans lui permettre d’être dans une relation gratifiante avec la terre, car, oui, tout travail mérite salaire et celui-ci plus que tous les autres, bien avant tous les autres. Sur le plan économique, personne ne peut dire avec exactitude combien vivent ou essayent de vivre du travail de la terre. Combien d’emplois peut vraiment créer le retour à la terre ?

Sur le plan de l’aménagement du territoire, la ruralité ne se résume pas à l’agriculture, mais sans elle, elle serait encore plus fragilisée. Et puis, l’agriculture, c’est notre patrimoine, nos paysages, nos racines. Son image est excellente dans l’esprit des Camerounais parce qu’il n’y a pas un peuple, une ethnie, une tribu dans notre pays qui ne fasse de l’agriculture. Tout Camerounais doit avoir des souvenirs de ces moments passés au champ soit tout seul soit avec ses parents. C’est l’agriculture qui a construit ce pays, qui a envoyé beaucoup d’entre nous à l’école.

Aujourd’hui cependant, nous devons nous poser la question de savoir quel type d’agriculture serait la plus rentable, efficace pour notre pays. Est-ce de l’agriculture intensive sur brûlis comme nous l’apprenions au Cours Moyen première année ?

Est-ce une agriculture industrielle ?

Sont-ce de moyennes exploitations familiales qui respectent l’environnement, restent compétitives dans le marché de la sous-région ?

Nous devons nous moderniser, nous devons améliorer notre rapport à la terre. Nous devons initier nos paysans dans l’apprentissage et l’acquisition des technologies innovantes qui leur permettront de réduire drastiquement la pénibilité du travail et qui amélioreront leur rendement. Nous devons aussi et, c’est à l’État de le faire, assurer une retraite à nos paysans, il ne saurait y avoir une vie de travail sans retraite!

Personne ne doit se tuer à la tâche. J’aime nos paysans, je veux les inscrire dans ma modernité afin de lutter contre la pénibilité du travail. Oui, je veux améliorer leurs conditions de travail et par la même occasion leurs conditions de vie au quotidien.

J’ai accompagné Nnomo Edouard que je connais depuis mon premier séjour ici à la saignée de ses troncs pour recueillir du vin blanc ou vin de palme, c’est lui qui m’a accueilli ici il y a plus de 30 ans! Nous nous sommes embrassés avant que je prenne congé de ces Camerounais qui attendent beaucoup des politiques.

fev jour

Cellule de Communication du MCPSD

Et si notre jeunesse n’avait pas de colonne vertébrale ?

Je suis à 60 km de Yaoundé la capitale politique du Cameroun, l’arrondissement compte 5 groupements, 4 collèges et lycées. Mais ici je fais face à une jeunesse qui se lève tard, traîne dans ce rond point à quatre voies – un autre constat, Avenue Kennedy à Yaoundé, les jeunes vont et viennent, certains sont assis dans l’agence MTN, regardent la télé, manipulent leur téléphone – pour la chef d’agence, ils sont là pour la connexion – beaucoup remplissent donc leur journée comme ils peuvent mais surtout pas comme il se doit.

Ils ont entre 15 et 35 ans, c’est la génération qu’on qualifierait de « nini », ni édutiant, ni en quête d’emploi, comme près de 64 % de la jeunesse camerounaise, perdus par les faiblesses du système éducatif camerounais, par la faiblesse de proposition du gouvernement et du marché de l’emploi. C’est une jeunesse qui suit les télénovelas. Pour la sociologue Blandine Brathold qui s’est intéressée au phénomène, « leur consommation demeure un phénomène de masse incluant tous les âges, les cultures et les niveaux sociaux : un public hétérogène constitué de 90% de femmes, parfois envahies par l’émotion jusqu’aux larmes. Elles viennent de trouver là un élément de taille qui rivalise avec les matchs de foot en ce qui concerne les hommes. » Les télénovelas passent à toute heure et le Cameroun a la particularité de voir 70 % des bureaux administratifs dotés d’un poste de télévision. On s’occupe sans véritablement travailler en regardant la télévision. Au quartier Mini-Ferme à Yaoundé à quelques pas de l’École des Travaux Publics et du Centre Hospitalier Universitaire de la capitale camerounais, Kemayou y vit. Du linge pend à la devanture de son habitation de fortune à la peinture défraîchie. Ici le taux de chômage frise les 76 %, contre 64 au niveau national. Il dépasse 73 % chez les moins de 25 ans.

Plus de 73% des Camerounais de 15 à 29 ans sont déscolarisés et sans emploi

« J’ai commencé un cours de coiffure » à 15 ans, témoigne le jeune homme, visage émacié et sourire timide. « J’ai fait un trimestre et j’ai arrêté ». Depuis, plus rien, hormis quelques petits boulots en 7 ans. Ses journées se suivent et se ressemblent. « Je me lève vers midi, je passe l’après-midi avec des amis devant le kiosque à l’entrée du CHU, on discute, on fume, on se soutient comme on peut, jusqu’à minuit ou 2h00 heures » avant de rentrer dans la chambre où vivent son père et sa compagne, son frère de 22 ans, sa sœur de 28 ans avec ses deux enfants et son demi-frère de 13 ans. La soirée se termine devant la télévision ou un jeu vidéo. Le lit ? Il se le partage, le premier arrivé est le premier servi.

Kemayou n’est pas une exception. Beaucoup de jeunes ont abandonné leurs études dans les années 2000 pour aider les parents qui eux-mêmes ont perdu leur emploi – une cinquantaine de société parapublique ont fermé sans paiement des indemnités. Depuis 20 ans, de nombreux parents font le sit-in devant le ministère des Finances qui lui-même a changé plusieurs fois de locataire et de dénomination. Les attroupements de ces vieillards devant cet immeuble ne disent plus rien à personne. Marie-Hortense, regarde ailleurs quand elle y passe, elle a longtemps été au chômage et le recrutement des 25 000 lancé par le Chef de l’État lui a permis d’avoir un numéro matricule. Il vaut mieux balayer devant sa porte et un vieux dicton connu de tous ici voudrait qu’on y aille pas tous à une fête pour rentrer au bras d’un amant !

Selon les résultats d’une étude que nous avons réalisée en septembre 2016 avec le soutien du Centre de Recherche pour le Développement International du Canada (CRDI), plus de 67% des Espagnols de 15 à 29 ans sont déscolarisés et sans emploi. Faute d’études fiables, une comparaison n’est pas possible avec les autres pays de la zone CEMAC. Mais le constat est clair et alarmant, les jeunes camerounais « sont menacés d’exclusion sociale car ils ont abandonné les études et la recherche d’emploi ».

« Avant, c’était très facile de rêver, aujourd’hui non »

« C’est la génération nini« , résume Etoundi du quartier Ewankang en direction de Nkoabang, un quartier-village de Yaoundé, oncle de l’oncle de Ananga, lui-même au chômage depuis 1990, par ailleurs militant du parti au pouvoir et qui dirige le Cameroun depuis 1982.

« Avant, c’était très facile de rêver, aujourd’hui non« , se désole Manga. « Aujourd’hui (les jeunes) se réunissent, ils sont aigris et ils ne parlent pas de leur avenir parce qu’il n’en n’ont pas. » Son fils, moto-taximan, une « profession pour jeunes chômeurs » et qui connaît un boom depuis les années 2000, confirme: « Je ne sais pas comment peut être mon avenir, je ne sais même pas ce que je vais faire cet après-midi. Ici à Awae Escalier, j’attends qu’un autre jeune me pousse sa moto, pendant quatre à cinq heures je peux me faire un peu de tune pour caler ma faim et rentrer tranquille à la maison. »

« Démotivé »: c’est ainsi que le décrit son père, Bihina, un professeur de lycée à la retraite au visage qui traduit l’inquiétude de tout le monde ici. « Je suis inquiet, mais je ne peux rien faire d’autre que faire avec. Je ne vais pas le mettre à la rue! Mes filles se sont bien débrouillées par rapport à mes fils, ils ont tous des diplômes universitaires mais ne réussissent pas à passer un seul concours » dit-il, expliquant que son fils a beaucoup souffert du divorce de ses parents quand il était enfant ceci explique peut-être cela.


« Je suis mou »

Manga comme tous les jeunes rencontrés à Bafia, à Bafang, à Yaoundé, comme à Akono a pourtant un rêve: – il voudrait partir loin d’ici, en Europe, pourquoi pas devenir footballeur et revenir un jour aider sa famille. Beaucoup sont déjà partis, l’histoire d’Eto’o Fils fait rêver tout le monde, il est parti pour la première fois sans papier, aujourd’hui il est pleins d’argent et certains le voit déjà président de la république comme Georges Wéah un autre footballeur qui est passé par le Cameroun. « Je suis mou », avoue-t-il.

Malgré les encouragements de son père et de son oncle, il n’ose pas trop sortir de son quartier car loin de ses copains, il n’y a plus la sécurité. « Tous les jours, il y a des meurtres dans cette ville, la police est complice on ne sait jamais ce qui se passe, alors je tourne ici c’est mon village, je connais tout le monde. » Il y a pourtant une agence pour l’emploi le FNE au Cameroun dont le siège est au Quartier Fouda. « Elle n’est d’aucune utilité, elle n’a jamais trouvé du boulot pour personne et encore moins proposé une formation, ils sont là pour eux et pas pour nous« , soupire son jeune oncle en évoquant le manque d’emploi et les injustices dans l’ensemble du pays.

« Il y a un manque d’ambition de la part des institutions » pour aider ces jeunes, dénonce Victor Onana membre du Conseil de la jeunesse, un conseil créé par le chef de l’État il y a quelques années. Beaucoup dans ce pays savent ce qu’il faut faire, mais ils sont pas écoutés, pourquoi pas développer des formations courtes pour lutter contre le décrochage scolaire ? « Avez-vous visité nos prisons ? Elles sont pleines de jeunes gens ! »


« 
Il n’y a pas de formation pratique qui soit réellement utile »

Angèle Essamba, professeure à l’ISTAG à Yaoundé, confirme la faiblesse de l’apprentissage et autres études courtes, contrairement à ce qui existe partout dans le monde. « Il n’y a pas de formation pratique qui soit réellement utile », et cela prive le Cameroun de salariés qualifiés à tous les niveaux, avertit-elle. « Nos jeunes sont peut-être surdiplômés mais ne sont pas compétitif sur le marché de l’emploi. Que savent-ils faire en réalité ?

En attendant, Manga se permet timidement de croire que les choses peuvent changer. Quand il votera pour la première fois de sa vie, aux législatives et aux municipales comme annoncé par le Chef de l’État lors de son traditionnel message à la nation le 31 décembre 2017.

fev jour

Prof. Vincent-Sosthène FOUDA socio-politologue

Hommage à trois Marthe : bonne fête des mères même outre-tombe par le prof Vincent-Sosthène FOUDA

La place des femmes dans l’histoire de notre pays et de notre peuple a trop longtemps été réduite à la portion congrue. Depuis quelques années nous assistons à un autre phénomène qui est celui de la manipulation de l’histoire et de l’intervertissement des visages dans le lit conjugal, peut-être est-ce le fait de la polygamie qui a la peau dure et surtout encore de longs jours devant elle ? A l’occasion de la fête des mères, j’ai choisi de présenter, surtout à ceux et celles qui lisent encore, trois visages de femmes de notre pays, peut-être pas de notre génération, d’un autre monde certainement puisqu’elles ne sont plus du nôtre.

Des centaines de femmes certainement, venues de tout le pays ont répondu à l’appel de la lutte pour l’indépendance. Très peu sont connues, dans les années 90, je me souviens avoir rencontré le commandant Kissamba avec son épouse dans les rues de Yaoundé. Elle avait de la prestance, élégante et belle, on lui prêtait une puissance surnaturelle. Peut-être d’autres parmi mes lecteurs ont aussi rencontré cette dame ? Elle n’était pas la seule tout comme celle que je voudrais présenter aujourd’hui, Marthe Moumié, Marthe Um Nyobè et Marthe Ouandié. Ces trois femmes au passé, au présent et dans notre futur, ont porté, porte et porteront, chacune à sa façon, un puissant témoignage pour notre humanité.

Marthe_moumieMarthe Ekemeyong est née le 4 septembre 1931 à Ebom Essawo en pays Bulu. Ses parents lui donnent un nom prémonitoire : Ekemeyong qui signifie : « celui ou celle qui quittera le terroir pour vivre là-bas, chez les autres ». Elle a fait le cours élémentaire première année àBibia à l’école de ma mission protestante fondée par le Pasteur Joseph Merrick en 1840 avec le général Pierre Semengue dont le nom devrait s’écrire Pierre SEh Mengue. C’est l’intellectuel de la bande. Elle adhère à l’UPC en son nom propre le même jour que celui qui deviendra son mari le médecin Félix Moumié fraichement diplomé de l’Ecole de Médecine William Ponty de Dakar et affecté à Lolodorf. Ils se marient le 22 juillet 1950. De leur union naîtront deux filles. Son engagement militant va la porter rapidement à la tête de l’Union Démocratique des Femmes Camerounaises (UDEFEC). Elle suit son époux en exil à Conakry dès 1955. Marthe Moumié est de la trempe de la jeune Winnie Mandela. Elle parcourt l’Afrique, l’Asie pour rallier les dirigeants du monde à la cause du Cameroun et de son époux. Elle rallie à sa cause, les président Nasser d’Egypte, Kwame Nkrumah, Ahmed Ben Bella d’Algérie, Sékou Touré de Guinée, Ho-Chi-Ming du Vietnam et Mao Zedong de Chine. « C’est la porte qui ouvre les serrures de toutes les portes » me confiera un nationaliste camerounais à Genève en 1997. Genève justement c’est dans la capitale helvétique que son époux Félix Roland trouve la mort le 3 novembre 1960 soit 11 mois seulement après l’indépendance du Cameroun. La tête de l’UPC est décapitée, Moumié est empoisonné dans un verre de ricard, Moumié n’avait que 35 ans ! Marthe Moumié est mère d’une fille, elle n’a que 29 ans, rapatriera la dépouille de son époux et l’inhumera à Conakry dans un cimétière longtemps tenu secret. Grace à son entregent des obsèques officielles sont organisés à la mémoire de Mounié au Stade de Conakry en présence du président Sékou Touré.

5 ans après le décès de son époux, nous sommes en 1965, Marthe Ekemeyong Moumié tente de refaire sa vie sentimentale et épouse un nationaliste équato-guinéen, Athanasio Ndong  Miyone  qui luttait alors contre les colons espagnols dans son pays. Athanasio est à son tour assassiné en 1969 après une tentative de coup d’Etat contre Francisco Macias Messe Nguéma. Marthe Ekemeyong Moumié a ouvert de nombreuses portes à nouveau à son époux Ndong Miyone, dans le monde francophone, c’est avec lui, qu’elle rentre d’exil d’Algérie en 1966 soit un an après leur mariage, c’est à ses côtés qu’elle bat campagne pour la présidentielle qu’ils perdront et son époux occupera alors le poste de vice-président. Après le décès de son époux, Marthe est arrêtée, battue et torturée. Elle demande d’être exilée en Guinée Conakry où repose le corps de Moumié, les autorités équato-guinéennes décidèrent de  la renvoyer au Cameroun où elle sera à nouveau emprisonnée et maltraitée.

Marthe Moumié sera libérée le 14 juillet 1974 après cinq ans en prison. Elle reprendra aussitôt le combat pour faire justice à Moumié. C’est ainsi que Paul Bechtel est arrêté la même année mais le procès débouchera en 1980 sur un nom lieu. Marthe Moumié a vécu pour le Cameroun et pour son époux, c’est peut-être pourquoi après s’être battue pour rapatrier la dépouille de son époux au Cameroun, elle est retrouvée étranglée, violée, les parties génitales profanées, c’était le 9 janvier 2009, elle avait 77 ans. Celle qui est née pour quitter ses terres, pour vivre labas chez les autres est assassinée et humiliée sur sa terre ! Son vœu d’être inhumée à Foumban ne fut pas exaucé. Oui, une femme est morte qui n’avait pour seule défense que ses bras ouverts à la vie, une femme est morte qui n’avait d’autre route que celle où l’on hait les fusils, une femme est morte qui continue la lutte contre la mort et l’oubli.

marthe ouandjiéMarthe Ouandié, est la seconde épouse d’Ouandié qu’elle rencontre et épouse le 5 décembre 1945 à Douala. Marthe ? C’est d’abord Marthe Eding une bakoko née en 1921 à Edéa ou dans les environs. Elle fut la vice-présidente de Marthe Moumié au sein de l’Union Démocratique des Femmes Camerounaises (UDEFEC). A ce titre-là, en l’absence des hommes, elle prendra la parole respectivement en février et mars 1959 au cours des débats sur l’indépendance du Kamerun à l’Assemblé Générale Spéciale des Nations Unies. Marthe, fut également arrêtée pour ses activités de renseignement dans la Résistance. Emblématique mère de famille de cinq enfants, Philippe, Mireille, Irène, Monique et Ruben Um Nyobè, elle a mené jusqu’au 15 avril 2006 à l’âge de 87 ans un combat sans relâche contre l’oubli et pour la mémoire dans notre pays. J’ai eu la chance de l’embrasser deux fois. Elle a été inhumée dans l’indifférence totale, ignorée par le peuple pour lequel elle s’est tant battue, vomie par les autorités administratives, snobée par les intellectuels et la société civile. Que dire des politiques dont les chaises restèrent vides au quartier Kouogouo à Bafoussam le 14 mai 2016.

 

Marthe-Um-Nyobe-raconte-le-maquisMarthe Um Nyobè, est l’une des trois Marthe encore en vie. Dans sa jeunesse, c’était une femme d’un mètre 80. C’est dire si elle a un physique inhabituel pour les femmes de cette contrée. C’est un diamant noir. Elle a vu le jour en pays bassa’a en 1926, elle a donc 18 ans quand elle lie sa vie à jamais à celle de celui qu’elle appelle affectueusement « Ruben ». C’est un mariage moderne civil et religieux qui survient après une dot auprès de ses parents. A dire vrai, elle avait entendu parler de « Mpodol » mais quand elle le vit, il était différent de la légende qui l’avait précédée. « C’était un homme d’une trentaine d’années selon mon estimation quand je le vis pour la première fois. Il dégageait une autorité naturelle et une assurance tranquille qui lui permettaient de s’imposer, mais ça je ne le savais pas encore. » Après un temps d’arrêt qui la plonge certainement dans d’autres souvenirs qu’elle n’a pas partagés avec quelqu’un d’autre depuis longtemps, elle ajoute : « son comportement avec moi, alors qu’il ne m’avait encore rien proposé, prouvait son respect pour l’être humain, oui alors mon cœur s’est mis à cogner très fort en moi ». Marthe est ainsi quand on veut parler d’elle, elle introduit l’homme de sa vie, celui qui avait des épaules carrées, fiable et responsable. Pourtant, elle fut également une grande animatrice des comités villageois du Nka Nkundé en langue bassa’a. Pendant 4 ans, elle a connu le maquis et la clandestinité. Marthe Um Nyobè est une maitresse femme, une pionnière même si elle dit n’avoir rien fait d’autre que de soutenir Ruben Um Nyobè dans son combat pour la « liberté de ses frères ». En échangeant avec elle, cet après-midi à Boumnyebel, je découvre que Marthe n’est pas une femme à montrer ses faiblesses, elle est la gardienne de cette tombe aménagée depuis 10 ans par des jeunes patriotes. A chacune de leur visite, elle leur parle de fierté, de liberté, d’indépendance, de responsabilité. Ce sont des conférences d’un autre genre en bassa’a, en ewondo et en bidgin english. Resté à deux dans sa cuisine elle m’avoue, oui j’ai connu quelquefois le doute, et même le découragement. Le chemin est long mais je sais que vous y arriverez.

Marthe Moumié, Marthe Ouandié et Marthe Um Nyobè ont mené bataille commune face à la barbarie qu’était le colonialisme, elles ont connu la faim, la soif, l’humiliation, elles ont su garder les valeurs profondes de notre peuple, elles ont maintenu vivante la flamme du nationalisme, elles ont participé à sa mutation vers le patriotisme sans concession.

Toutes trois, avec leurs personnalités et la diversité de leurs convictions se sont retrouvées à des moments essentiels de leurs vies. Elles méritent maintenant de vivre dans le cœur de la Nation, dans le souvenir collectif, le souvenir qui est fait de courage et l’humanité dont sont capables les femmes et les hommes de notre pays, en parlant la langue de l’unité nationale. La lutte pour l’indépendance et la République que nous avons aujourd’hui en héritage ne sauraient s’écrire sans elles.

Résistantes, c’est pourquoi nous proposons avec solennité au Président de la République de les élever toutes trois, ensemble, avec leurs destins croisés au rang d’héroïnes de la lutte pour l’indépendance de notre pays.  Notre Nation est jeunes, 55 ans d’indépendance, ces combattantes sont vieilles, elles disparaissent avec la force de leur témoignage, c’est ce geste qui saura parler au cœur de notre peuple en remettant sur le devant de la scène l’esprit de sacrifice, de lutte pour le bien commun. C’est en regardant ces visages installés au Musée national que nous comprendrons ce qu’est un peuple, ce qui fonde la République et construit la Paix.

Aux grands combattants la patrie et le peuple non reconnaissants. Vous jeunes gens de mon pays qui avez toujours eu besoin d’exemple à suivre, voici vos grands-mères, elles se sont assises aux pieds de Ruben, de Ernest et de Félix, à vous d’être dignes d’elles aujourd’hui. Bonne fête maman, toi aussi tu es une combattante, toi princesse Sabine Sindono Mengue.